Porté par le vent
Le vent nous portera
Rien dans les poches, j’me promène
Je n’ai pas peur de la route
Au gré des saisons
Faudra voir, faut qu’on y goûte
Quand Lapointe rencontre Noir désir
Tout est une question de perspective
Et d’ascèse, de s’astreindre à ce qui nous libère
Car se laisser aller à ses penchants, ses envies, ses vices, ses sens
C’est une pente glissante vers le méandre du rien
Ce qu’il faut laisser aller
Ce sont ces pulsions qui nous emprisonnent, qui nous empoisonnent
Je le prends bien — la plupart du temps
J’ai l’impression que c’est une autre vie
Pourtant ce ne sont que deux petites semaines
Au jour le jour, ça va
C’est la fin d’semaine que l’ascèse me pèse
Parfois
Cependant tout finit toujours par passer
Alors je passe mon chemin
Comme nous ne faisons que passer sur cette Terre
Voyageurs spectateurs
Incrédules devant l’émerveillement mondain
Des spectres acteurs
Voilà ce que nous sommes
Nous avons si peu d’emprise sur le cours des choses
Mais nous pouvons révolutionner le monde
Qui tourne sur lui-même
En tournant autour d’un astre
Qui suit une ellipse
Au sein d’une galaxie
Qui tourbillonne dans l’univers
Être immobile
C’est déjà se déplacer à une vitesse vertigineuse
Au sein de quelque chose d’inconnu qui fait nous ne savons pas quoi
Pas étonnant que nous soyons étourdis!
Fascinant.
Tout ça commande un brin d’humilité, n’est-ce pas?
Tout n’est qu’une question — sans réponse définitive — de perspective
La perspicacité est notre alliée
Pour ne pas se forcener
Et forcément devenir fous à lier
Férocement aliénés des vérités élémentaires
Résolument sains dans un corset un tantinet serré
Il est primordial de respirer par les trous de nez
Reste que le ventre aussi à son maudit mot à dire
Les directions se démultiplient comme des lapins en rut
Si nous perdons le Nord
Et déjà nous sommes éperdus du rutilant mirage
Depuis des âges, on le sait
C’est en notre sein
Que réside le génie du bien
Et pourtant on cherche, on cherche, on s’assèche partout ailleurs
On cherche dans tous les racoins
Ces choses qui ne feront jamais notre bonheur
On regarde les autres, on, les singes
On répète comme des pantins :
« Pourquoi moi? Pourquoi pas moi?
Moi-moi-moi, à-moi-à-moi
À moitié plein d’émoi
Émasculés par ce qu’on nous fait miroiter
Enculés par les encravatés
Qui n’ont même plus besoin de cravache
Pour nous faire cracher
Pendant qu’ils préparent le prochain krach
Savamment orchestré
Puis ils auront le culot de nous dire
Éplorés, qu’ils ne comprennent rien à ce qu’ils font
Car leur Machine les dépasse,
Lamentables escargots,
Tel un Frankenstein qui fait froid dans le dos
Les apprentis-sorciers sont bien des sots
So, qu’est-ce qu’on va faire?
On va s’laisser faire? Sans riposter?
Où est la fronde?
Est-ce qu’il y a quelque colère qui gronde?
Il y en a bien çà et là
Éparpillées
Mais comment les fédérer?
Il faut monter aux barricades
Aller au front tout l’tour d’la tête
De l’hydre
Comment l’abattre?
On en revient à ça…
Que faire lorsque deux têtes repoussent quand on en guillotine une?