À l’heure de l’hymne des grillons vrombissant,
Fumer a quelque chose de princier et de décadent.
Humer l’air du temps m’apparaît reposant
après avoir suer sû un moyen temps
(Attentat à mon corps défendant
je me défie des accoutrements trop solennels
et des défilés — même celui du Père Noël!)
Attentif à l’instant, ce qui surgit du Néant
être là sans y être, sans faire semblant
immobile comme les mythes immémoriaux
anciens augures d’une autre nature
d’un rite oublié
Mon petit rituel du matin vacancier
lors que les premiers rayons de soleil
baignent ma terrasse pour la réchauffer :
plume, café, contemplation et poésie sans pareil
À l’hymne des grillons du soir
cède le chant des oisillons et la rumeur
de la cité flamboyante, les chars rutilants
envahissent tout, nul n’est à l’abri
piétons et cyclistes: soyez prudents
car la vie à toute vitesse ne pardonne pas;
un seul faux pas et c’est le trépas.
L’hymne des grillons de la ténèbre chaude d’août
signe des sillons qui réverbèrent dans ma lymphe
Fou, Dionysos m’invite à l’ébriété des splendeurs
Soûl, je suis enchaîné à des désirs irréalisables
(Mal) Habilement je me fraie un passage de lucidité
Le sage me pointe la Lune, lueur d’espoir d’éternité
insaisissable, serai-je l’idiot du village
ou le disciple de la vertu tumultueuse?
La vie m’apparaît nébuleuse
et la raison du pourquoi de ma présence
en ces lieux et cette époque m’éblouit :
suis-je l’élu de ma destinée?
Ou simple badaud qui lèche les vitrines de l’existence
sans avoir les moyens de payer ces artifices qui m’envoûtent avec insistance?
Je suis sous le charme de la chimère
Je dois choisir et pour cela je dois me taire:
Soit me laisser aller,
longue défaite, mourir à petit feu;
Soit combattre,
la tête haute même les pieds dans la boue,
le torse bombée même si je suis à genou,
le regard perçant même si j’en ai pas l’goût
la parole impeccable même si j’avoue que j’aurais juste envie de hurler toute l’insanité qui m’habite trop souvent, par moment;
je suis les deux faces de la même médaille :
sage et stupide
victorieux et vendu
amant et haïssable
père et perdu
fils et sans attache…
Dans le calme de l’instant serein,
tout apparaît clairement,
mais une fois la première flèche décochée,
dans la furie de la mêlée, je m’emporte
et la rage me transporte,
je suis possédé par ce moi qui m’enduit d’erreur,
il faut laver cette boue qui me leurre,
redécouvrir ce qui se terre sous l’écorce endurcie des âges :
l’innocence que tua la nécessité de survivre dans un monde hostile,
cette impérative autonomie qui nous détache brutalement
la plupart du temps
du cordon ombilical divin
pour nous faire humain
le temps d’un court passage dans le flot trouble des eaux existentielles,
ma singularité ira rejoindre la bibliothèque des soupirs et des joies millénaires,
enrichissant d’autant plus le patrimoine des paradis perdus,
la quête continue,
tout ce qui arrive n’est qu’un acte de foi,
cette fois comme toutes les autres,
les autres et moi-même ne formant qu’un tout de plus dans les possibilités innombrables qui attendent le rêveur sur le chemin de l’illumination infinie,
l’étoile luit qui les rois conduit vers l’éternelle demeure de l’esprit content d’être ici,
peu importe ni le où ni le quand,
car ce qui compte c’est être ici maintenant.