Mutinerie muette de l’esprit nocturne

Posted by on 21 Sep 2025 in Résonance, Scribouillure | 0 comments

Le mal de la nuit
L’insomnie
L’ennui
La somme de ma vie
M’assomme l’esprit de cette énergique léthargie insolite qui me sollicite
Alors que mon corps repu, fourbu, rompu, avachi
Proteste, réclame, s’indigne de cette situation inique

L’unique solution consiste à refuser ce qui insiste
Assister à l’aube qui vient, la nuit noire de désirs blancs
Assassine l’hôte bien portant, épuise ses réserves, pille ses dépenses
Tandis que fourmillent les idées perversement sournoises d’illuminations qui blanchissent d’indécentes incandescences mon soliloque noctambule et rien ne vient péter ma bulle, maboule je m’emballe et déballe mes déverbillations déraisonnables mais durables
Tintamarre tonitruant qui noircit les plages de mon carnet à perte de vue de nez avant que le Soleil ne chasse les ombres qui se profilent dans les racoins racornis de mon existentielle dévergondée lascivre, c’est-à-dire lasse de vivre ou lasse d’être ivre?
Laisse faire laisse vivre et laisser givrer permafrost lendemain de brosse même la veille qui vaille que braille devant l’Éternel Retour du Même est mon Berger—acte de bravoure, panache sans rien qui me relise
Accident de parcours qui se répète et se répercute et qui charcute ma circuiterie sous tension
Mes factions luttent pour mon attention, je me défile devant le défi, remettant à demain est un autre jour illusoire
Tend l’autre joue, l’autre soir, accepte que tu ne contrôles rien, tel est ton destin

Nation apocryphe gouvernée par des escogriffes, les escrocs s’agrippent au pouvoir pour voir jusqu’où ils peuvent péter plus haut que le trou noir où ils nous attirent tous ou ils nous tirent dans le tas de fumier

Mais vois là, déjà le matin se lève, les mutins s’éveillent, naguère muets, s’élèvent les élèves, la voix du peuplier enchanté
Le vent dans les ramages, les voiles déployées dévoilent de nouveaux paysages, allons à l’abordage, les délices déliquescents acquiescent à notre sage présence, présage et préscience dithyrambique
Nous soulerons nos esprits de poésie sauvage et fière—mentée naturellement, par vaux et par monts, par-delà l’éther et l’amère, parjures et pardons
Le châtiment chèrement payé sera vite oublié dans le crime de lèse-majesté, le château-fort pierre par pierre destitué nous servira désormais d’assise morale élégance
Nous rebâtirons des demeures éphémères mais solides d’air, courant majoritaire de la maturité, nature humaine réitérée par la patience et la bienveillance cultivées

Ce poème prend fin, il prend les airs, quitte le nid, sans sursis il m’abandonne à mes soucis, tout simplement parce qu’il n’y a plus de papier…

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